Retour en France

Lundi 25 février 1782, 

"Au jour, j'ai eu connaissance de la tour des Baleines restant à l'E. 1 /4 S.E. J'ai gouverné au S.E. Peu après, j'ai vu la tour de Chassiron restant au S.E. 1 /4 Sud, étant en dedans. Les vents ont passé au Sud, ce qui m'a forcé de courir plusieurs bordées pour gagner le mouillage de l'île d'Aix où j'ai laissé tomber l'ancré par 10 brasses, fond de vase. J'ai débarqué tout de suite pour me rendre à la Cour."

   

De retour en France, l'Hermione est désarmée à Rochefort. Elle repart en juillet pour rejoindre l’escadre de Suffren aux Indes. La paix signée, le navire retourne à Rochefort en avril 1784. La  République a remplacé la Royauté. Le 31 mars 1793, l'Hermione appareille sous le commandement du capitaine de Vaisseau Pierre Martin.

 Naufrage

 

"Aujourd'hui vingt septembre mille sept cent quatre vingt treize l'an 2ème de la République française une et indivisible, la frégate l'Hermione commandée par le citoyen Martin Capitaine de Vau est appareillé de Mindin dans la rivière de Nantes pour se rendre à Brest avec un convoi d'après l'ordre qu'il en avait reçu du Ministre. Le 7 duduit mois le vent étant au NE petit frais le pilote de la rivière quitta la frégate lorsqu'il fût en dehors de la roche le Charpentier. Il la remis entre les mains du citoyen Guillaume Guillemin pilote côtier de la frégate et provenant du bâtiment le Phénix qui avait relevé l'Hermione à la station de Mindin. Le vent était du NE variable au N.N-E., nous étions au plus près tribord amures sous le petit hunier et le perroquet de fougue pour entretenir un convoi de 12 bâtiments que je devais mettre devant Brest. A 6 heures du soir on fit un relèvement. Le pilote côtier y assista et ce fut lui même qui donna le nom des pointes qu'on ne connaissait pas. A 6 h.1/4 un grand bâtiment du convoi qui se trouvait derrière la frégate vira de bord. Je demandais au pilote pourquoi ce bâtiment virait et s'il y avait du danger à craindre sous le vent. il me répondit que non. Dix bâtiments du convoi étaient de l'avant de la frégate. Lorsqu'on cria brisants sous le vent le pilote assurait que ce n'était pas des brisants mais la force du courant qui faisait cet effet...... A 8 heures du matin la mer se trouvant au 2/3 basse la frégate a donné de la bande dans un instant avec une vitesse incroyable et dans ce mouvement rapide et s'est crevé totalement le coté de tribord. J'ai continué à faire travailler à sauver tous les effets de conséquence qui se trouvaient possible et de les faire transporter à bord du chasse marée ou nous avons été prévenus que si les vents passaient à l'ouest avec force il serait possible dans la position ou se trouvait la frégate qu'il périrait beaucoup de monde. A la basse mer la frégate nous a paru totalement crevée. L'équipage s'est décidé avoir de l'abandonner et a passé sur les chasse-marées qu'on nous avoient envoyé du Croisic. J'ai abandonné le bâtiment à 10 heures du matin le dernier avec le maître d'équipage qui a donné trois coups de sifflet pour s'assurer qu'il ne restait plus personne à bord. Je n'ai que le meilleur témoignage à rendre de l'Etat Major et des principaux maîtres et de tout l'équipage qui se sont tous portés avec le plus grand zèle la plus grande activité à exécuter les ordres que j'ai donné jusqu'au moment ou nous avons abandonné la frégate.
 On ne peut attribuer qu'a l'ignorance du pilote côtier la perte de la frégate qui parait infaillible. Malgré tout ce que j'ai pu lui dire il m'a donné toutes les raisons qu'il s’était trompé et qu'il ne se croyait pas aussi près du Four. Je l'ai amené à terre avec moi et l'ai remis entre les mains du juge de paix avec une dénonciation par écrit par laquelle je demande que ce pilote soit interrogé publiquement devant tout mon équipage et le public du Croisic, afin qu'il soit constaté juridiquement que c'est par sa faute seulement que la frégate a été mise à la côte.

En foi de quoi, nous avons clos et arrêté le procès verbal signé du nom de l'Etat-major et de ceux de l'équipage qui savaient écrire."

Texte tiré du dossier rédigé par le Centre International de la Mer, La Fayette et l'Hermione, Rochefort, 1992.

          

L’épave de l’Hermione a été retrouvée et est aujourd’hui visible au large du Croisic (fouilles archéologiques).

En l’honneur de l’Hermione, la ville de Rochefort a décidé de reconstruire à l’identique cette frégate. Elle devrait dans les prochaines années refaire le trajet qu’elle a fait ces années 1780-1782, sous le commandement de Mr de Latouche. (Rochefort)