" Mercredi 7 juin 1780   A 4 heures du matin, j'ai pris les amures sur bâbord, le cap au N.O. 1 /4 0. Les vents de la partie du S.O. bon frais, le temps couvert. A 7 heures du matin, j'ai eu connaissance de 4 voiles au vent à moi, courant les amures à tribord. J'ai reconnu un sloop de guerre, un schooner, un senault et un bâtiment à 3 mâts que j'ai jugé frégate."

L’Iris est l'ancienne frégate américaine Hancock capturée le 7 juillet 1777  par le HMS Rainbow. Elle possède en fait 13 sabords sur chaque bord.  

fregate iris

 

"Ces deux derniers bâtiments ont mis au même bord que moi et ont diminué de voile. Après avoir fait toutes mes dispositions pour le combat, j'ai viré sur la frégate qui a fait porter grand largue sur moi, quand elle a vu que j'avais dessein de l'attaquer J'ai reconnu ce bâtiment pour une frégate percée a 15 sabords en batterie, dont 14 étaient garnis de canons et elle en avait sur son gaillard, depuis l'extrémité de son arrière, jusqu'au grand mât.

  J'ai cargué mes basses voiles et me suis mis comme elle, sous les deux huniers. Nous avons hissé notre pavillon, chacun par le travers l'un de l'autre. J'ai assuré le mien par toute ma bordée de tribord que je lui ai lâchée en la dépassant. Elle ne m'a riposte que par quelques coups. J'ai jugé que son dessein était d'arriver dans ma poupe pour m'envoyer sa bordée entière. En conséquence, j'ai arrivé tout plat, vent arrière et par ce moyen,je me suis trouvé par son travers. Nous avons commencé alors, un feu vif de part et d’autre à demie portée.

 Après une demie heure de combat dans cette position, je me suis aperçu qu'elle faisait tous ses efforts pour se laisser culer afin de me prendre par l'arrière, par la marche supérieure que j'avais sur elle à même voilure et mon dégréement total de bras continuant de lui faciliter ce mouvement. Je parvins cependant à venir un peu au vent et je trouvai par cette manœuvre  dans la position de la battre de tous mes canons, de l'avant à l'arrière, comme elle me battait de l'arrière à l'avant. Le combat a duré ainsi pendant 1 heure avec vivacité de part et d'autre, mais mon feu étant supérieur au sien, elle saisit l'instant ou je la dépassais, pour mettre son petit hunier à culer et peu après, elle a tenu le vent. Je lui ai envoyé trois coups de canon auxquels elle n'a pas riposté. Mon gréement étant haché de manière à ne pas pouvoir tenir le vent, j'ai laissé tomber la misaine pour m'éloigner afin de le réparer dans l'intention de recommencer le combat. Elle a continué à tenir le vent et j'ai jugé que son projet n'était pas d'en venir à un second engagement.

    En travaillant à réparer les manœuvres coupées, j'ai eu connaissance de l'avant de moi, du schooner qui était de sa compagnie. J'ai mis toutes les voiles que j'ai pu pour le chasser. Je l'ai poursuivi à la vue de la frégate anglaise, jusque sous la pointe Montuk que j'ai approchée jusque par les 6 brasses d'eau. La crainte de compromettre la frégate m'a fait lever chasse. Si les vents n'avaient pas calmé, je m'en serais infailliblement emparé, ce qui aurait décidé la question de l'avantage de cette rencontre.

    Ce combat a duré 1 heure 1 /2, toujours à demie portée de fusil. J'ai eu 10 hommes tués roides et 37 blessés. Je pense que la frégate ennemie a perdu beaucoup plus de monde, mes canonniers ayant constamment tiré à plein bois. Je l'ai pour cette raison, peu dégréée, le plus grand désordre ayant par contre, été porté dans mes voiles et dans mes manœuvres.

Cette frégate portait du 12 en batterie et du 9 sur ses gaillards. Elle avait une mousqueterie bien servie. J'ai tiré dans ce combat, 260 coups de canon, 140 coups de pierriers et 1 280 coups de fusil et d'espingole.

        Etat des tués et blessés dans le combat :

 

    Joseph Motay, aide canonnier; chef de la première pièce à la batterie;

    Pierre Colin, quartier maître; sur le gaillard d'arrière à la manœuvre;

    Léon Metreau, matelot; à la première pièce à la batterie;

    Jean-Baptiste Careau, matelot; sur le gaillard d'arrière;

    Pierre Leneau, matelot; sur le gaillard d'arrière;

    Jean Laroche, matelot; sur le gaillard d'arrière;

    Mathieu Bruneau, matelot; sur le gaillard d'arrière;

    André Chain, matelot; sur le gaillard d'arrière;

    Jean Dumeau, mousse; sur les passavants;

    Jean Bernard, mousse; à la batterie.

 

    10 tués………….  37 blessés"

A bord de l'Hermione, on relève les blessés. La frégate est très dégréée, mais un seul boulet a traversé la coque. La voie d'eau est rapidement obturée. Une voilure de fortune est rétablie. (Pour lire les lettres envoyées par Latouche à son Ministre et au commandant anglais de l'Iris cliquez ici.)