Mars 1781

Expédition du

Comte de Grasse

 

Le 22 mars 1781, le comte de Grasse part de Brest avec 26 vaisseaux de ligne et quatre frégates. Il a pour mission de se rendre aux Antilles, et ensuite en Amérique pour lier son action à celle des forces franco-américaines. 

Escadre de M. le Comte de Grasse,
partie de Brest pour la Martinique, le 22 mars 1781,
 
avec un convoi de 80 bâtiments marchands.                                                                                                                                                                              

  Vaisseaux :

 

Ville de Paris, 104 canons, 1165 h

Sceptre, 74 canons, 923 h

Auguste, 80 canons, 1026 h

Fier, 74 canons, 437 h

Saint-Esprit, 80 canons, 760 h

Magnanime, 74 canons, 580 h

Languedoc, 80 canons

Artésien, 64 canons

Hannibal, 74 canons

Sphinx, 64 canons

Glorieux, 74 canons, 653 h

Vengeur, 64 canons

Diadème, 74 canons

Sagittaire, 64 canons, 589 h

Citoyen, 74 canons

 

Souverain, 74 canons

Frégates :

Zélé, 74 canons

Sensible, 30 canons

Pluton, 74 canons, 906 h

Discrète, 30 canons

Bourgogne, 74 canons, 439 h

Dédaigneuse, 30 canons

César, 74 canons

Serpent, 142 h

Marseillais, 74 canons, 650 h

Vaisseaux de 74 canons

Héros, 74 canons

armés en flûtes et chargés de vivres

Scipion, 74 canons, 596 h

Albion, ci-devant le Northumberland

Hercule, 74 canons

Sceptre

Hector, 74 canons, 650 h

Fier

Northumberland, 74 canons, 800 h

plus quatre cutters

Le 29 avril 1781, le Comte de Grasse force le blocus que maintenait devant Fort Royal l'escadre anglaise de Hood. Il obtient du gouverneur des Antilles 3300 hommes et se dirige vers l'embouchure de la Chesapeake. Débarqué en Virginie le 2 septembre, ce corps de renfort, aux ordres du Marquis de Saint-Simon, fait aussitôt sa jonction avec les six régiments américains et les 3000 miliciens que commande La Fayette et qui, depuis cinq mois, contiennent dans la région de Yorktown les troupes d'Arnold et de Cornwallis. Dès la nouvelle de l'arrivée du Comte de Grasse, les armées de Rochambeau et de Washington se dirigent sur la Virginie.

   

La bataille de la baie de Chesapeake

 

  

 Le 5 septembre, alors que l'escadre française débarque des troupes sur la côte à Williamsbourg, on signale des voiles ennemies. C'est la flotte anglaise composée des deux escadres: celle de Hood et celle de Graves. De Grasse donne l’ordre de laisser filer les ancres, et en une heure tous les vaisseaux français sont sous voiles. La bataille s'engage vers 15 heures. Le combat entre les 24 navires français et les 19 vaisseaux anglais va débuter en suivant les règles les plus traditionnelles, bord à bord, en lignes parallèles. Les ordres de Graves sont contradictoires et mal compris. Bientôt les Anglais ont cinq de leurs bateaux très maltraités. Puis le vent tourne, passe au nord-est, et force brutalement. La flotte anglaise fait porter largue et s'échappe.

 

Vaisseaux français la Ville de Paris et l'Auguste
Détail de peinture à l'huile par Zveg,
Centre historique naval américain, Washington, DC.

Les Anglais ont perdu le Vengeance qui coule. Ils sont obligés, dans la soirée, de mettre le feu au Terrible, vaisseau de 74 canons, qui ne peut plus tenir la mer.

Le 10 septembre, l'escadre de Barras, après s'être emparée au passage de deux frégates anglaises "l'Iris" et "le Richemond", qui cherchaient  à détruire le mouillage de l'escadre française, débarque les munitions, l'artillerie lourde et la cavalerie embarquées le 9 de Newport.

Venant du Nord à marches forcées, Washington et Rochambeau sont chez de Grasse le 17.  Le gros des troupes et le reste de l'artillerie les rejoignent le 26.

A la fin de septembre ce sont près de seize mille hommes, tant Français qu'Américains, qui bloquent du côté de terre les forces anglaises retranchées à Yorktown. L'escadre de l'amiral de Grasse complète l'investissement.

Une tranchée est ouverte dans la nuit du 6 au 7 octobre et continuée dans les nuits qui suivent, malgré un feu d'artillerie assez violent qui, en deux semaines, inflige aux seules troupes françaises une perte d'environ 300 officiers ou soldats. La tranchée était presque achevée le 12 octobre, mais restait vulnérable au feu de deux redoutes saillant à l’extrême gauche de la défense britannique. Il parut impératif au lieutenant général comte de Rochambeau, avec l’accord du général Washington, de s’emparer de ces deux points forts. L’assaut qui allait se dérouler le soir du 14 octobre fut minutieusement préparé. Les deux redoutes furent enlevées et furent dès le lendemain incorporées au dispositif allié. Quelques cent quarante bouches à feu se livrèrent jour et nuit à un feu roulant quasi incessant contre l’ensemble du dispositif anglais maintenant très proche.

Le 17, à midi, Cornwallis demande à parlementer. Le 19, il capitule, abandonnant aux Alliés plus de 8000 prisonniers, 214 canons et 22 drapeaux.

 

Ce fait d'armes marque la fin de la résistance des Anglais en Amérique. Washington regagne ses quartiers de l'Hudson. L'armée de Rochambeau est ramenée en France par la la flotte de M. de Vaudreuil.  

 

 

Minorque,

les Antilles ( Indes occidentales)

 

Le duc de Crillon, avec 8.000 hommes sous ses ordres prend Minorque le 4 février 1782. 

 Dans les Antilles, les Anglais ne conservent d'autre île importante que la Jamaïque. De Grasse veut la leur enlever, et le 11 janvier 1782, débarque 6000 hommes dans l’île de Saint-Cristophe. La garnison est sur le point de se rendre quand survient l’escadre anglaise de Hood, qui attire De Grasse au large et réussit à occuper le mouillage abandonné par les Français.

Le 12 avril 1782, au large de Saintes de Grasse rencontre l’escadre anglaise commandée par Rodney.  Au moment du changement de bord pour reprendre l’affrontement en parallèle, l’ordre n'est pas suivi par tous les commandants. Une saute de vent achève de désorganiser la ligne française. L’Amiral Rodney, fait virer ses navires de 90 degrés et coupe la ligne française en quatre endroits. De ce fait les navires anglais peuvent prendre les français en enfilade sans craindre leurs feux. De Grasse ne peut jamais reformer sa ligne et à la fin du jour cinq vaisseaux français gravement endommagés doivent baisser leur pavillon. Finalement le Ville de Paris, un 108 canons baisse  à son tour ses couleurs et De Grasse rend son navire et son épée au Capitaine anglais Lord Cranston. Sur le Ville de Paris il y a plus de 400 tués et plus de 700 blessés ; six navires français sont ou détruits ou capturés et plus de 6000 hommes ont péri.