L'intervention de la France

se manifeste 

 tout d'abord  sur mer.

 

Dans la Manche, les anglais se montrent de plus en plus arrogants. Ils se donnent le droit de contrôler tout navire y transitant, quelquefois de façon plutôt brutale comme ce 19 mars 1778 où ils n'hésitent pas à faire injure au pavillon du Roi de France en tirant sur une de ses corvettes la Favorite.

Les hostilités sont ouvertes le 17 juin 1778, avec le combat de la Belle-Poule (Capitaine de La Clochetterie) contre la frégate anglaise HMS Arethuse et la saisie de deux frégates la Pallas et la Licorne ainsi que du lougre le Coureur par l'escadre de l'amiral Keppel.


 Tableau de Auguste Louis de Rossel de Cercy

A la suite de cet épisode, le Roi Louis XVI se résout à déclarer l'ouverture des hostilités.

Un mois plus tard, le 27 juillet 1778, l’escadre française du comte d’Orvilliers, composée de 27 vaisseaux rencontre les 30 navires de la division anglaise de Keppel. Dans la canonnade 6 vaisseaux anglais sont très endommagés. Mais quand le duc de Chartres amorce enfin sa manœuvre pour isoler une partie de l’escadre anglaise, il est trop tard. L’escadre anglaise rallie ses navires isolés, et s’échappe durant la nuit. Les Français regagnent Brest, comptant 163 morts, 517 blessés et plusieurs bâtiments endommagés.  


Combat d'Ouessant par T. Gudin, Musée de la Marine

"L'armée française était composée de 32 vaisseaux de ligne, divisés en 3 escadres. Le comte d'Orvilliers était a la tête de l'escadre blanche. Le comte Duchaffault, lieutenant général, commandait l'escadre blanche et bleue, et M. le duc de Chartres avait l'escadre bleue sous ses ordres.

    -Dès le 23 juillet, l'armée française eut connaissance des ennemis. Depuis cette époque on ne les perdit pas de vue jusqu'au 27, jour du combat.

    Le 27, à quatre heures du matin, l’armée anglaise restait a l’Est Nord-Est, quart d'Est, à deux lieues et demie de distance de l’armée du roi. Le comte d’Orvilliers, fit le signal de se rallier dans l’ordre de bataille naturel. Les anglais tenaient, ainsi que nous les armures à bâbord. Ils eurent le projet de tomber sur notre arrière-garde, et de prolonger leur ligne au même bord que nous. Pour s'opposer à ce dessein, le comte d’Orvilliers fit revirer toute l’armée ensemble, avec ordre de se former sur l'ordre de bataille renversé. Il prit sur l’armée ennemie, par cette manœuvre hardie, la position que son amiral voulait prendre sur l’armée du roi, qu’il fut forcé de prolonger en combattant à bord opposé. Le feu fut très vif pendant trois heures. Il commença par l'escadre bleue, qui formait l’avant-garde, et continua successivement dans toute la ligne, de manière que chaque vaisseau français donna sa bordée à un anglais, et reçut la sienne.

   Après cet engagement, l’armée du roi  a continué de poursuivre celle d’Angleterre pendant tout le reste de jour, et lui a toujours présenté le combat dans le meilleur ordre, mais l’amiral anglais l’a constamment refusé, et a profité de l’obscurité de la nuit pour faire retraite, en cachant soigneusement ses feux."

Source: Kerguelen, Y. J., Relation des évènements des guerres maritimes  entre la France et l'Angleterre depuis  1778 jusqu'en 1796, an IV de la République, Paris, Imprimerie de Patris, 1796.

  Dans le reste de l'Europe, la « ligue des neutres » refuse dans un premier temps de prendre parti. Puis, voyant la France tenir tête à la Royal Navy, les Espagnols en 1779 puis la Hollande en 1780, se rangent à son coté.