Voici tout d'abord une adressée par Latouche à son Ministre en date du 8 juin 1780 pour lui relater le combat du 7 juin.

 

 

Cette deuxième lettre en date du 22 juin 1780 est une copie de la lettre envoyée par Latouche au commandant anglais de l’Iris pour s’indigner de la relation que ce dernier fait du combat dans la gazette de New-York.

 

Copie de ma lettre au capitaine Hawker commandant de la frégate du roi d’Angleterre l’Iris de 32 canons de 12 de 9 en date du 22 juin 1780.

Monsieur, 

C’est avec autant de surprise que d’indignation que j’ai lu dans la gazette de New York du 10, l’article qui parle du combat qui a eu lieu entre nous le 7 de ce mois. Je ne puis penser qu’un capitaine de vaisseau de sa majesté britannique oublie assez ce qu’il doit à la dignité de son caractère, à la vérité qui fait la  base de toute vertu militaire, pour avoir recours à le plus grossière imposture et chercher par un aussi vil moyen à établir un avantage qu’il n’a pas eu sur son ennemi. Je me plais à croire que le gazettier Rivington a suivi en cette occasion le penchant naturel qui le porte à altérer tous les faits, et à imprimer des mensonges pour des vérités. ; si cela est ainsi, cette assertion ne mérite que mon mépris mais j’attends de votre justice et de votre loyauté que vous les réprimandiez de vous avoir compromis, car vous l’êtes monsieur lorsque l’on avance un fait aussi faux que ma prétendue fuite, et de l’apparition d’une frégate américaine à la fin du combat.

Dans le compte que j’ai rendu à la Cour, je me suis empressé de rendre justice à la manière dont vous vous êtes présenté au combat, elle était faite pour mériter mon estime. Je serais fâché d’avoir à me repentir de ce premier sentiment, si vous ne me rendiez pas à votre tour la justice qui m’est due si du moment que j’eu connaissance de vous monsieur, je formai le projet de vous attaquer, je virai de bord sur vous, vous m’épargnâtes la moitié du chemin en arrivant sur moi, vous manoeuvrâtes avant et pendant le combat comme un homme digne de commander la frégate que l’on vous a confiée ; mais si vous avez avancé que j’ai fui devant vous, vous en avez imposé et vous me connaissez mal, je n’aurai jamais eu la honte de fuir devant un ennemi de force égale. Vos coups m’ayant occasionné autant de dommages dans mon gréement que les miens vous en avez causé dans le corps de votre vaisseau, j’ai été dans l’impossibilité de tenir le vent pour recommencer le combat, il dépendait de vous d’arriver sur moi le rengager de nouveau, vous aviez infiniment plus de moyens de manœuvrer que j’avais. Lorsque j’ai vu que vous teniez le vent, j’ai attribué votre retraite à la quantité de monde que vous aviez perdu, ce qui aide à me le persuader, c’est le peu de vivacité de votre feu dans les dernières bordées; d’après cette opinion, vous devez jugé de ma surprise quand j’ai lu dans la gazette de New York que vous n’aviez que 7 hommes tués et 9 de blessés. Je suis de meilleure foi que vous, monsieur, j’avoue en avoir 10 de tués et 37 de blessés, deux de mes officiers et moi sommes du nombre des derniers, vous voyez  que je ne crains pas de parler vrai car je n’ai rien à me reprocher. Je terminerai cette lettre par une réflexion que tout militaire ne pourra s’empêcher de faire. Si vous aviez perdu moins de monde que moi, et que vous ayez été moins maltraité, quelle raison avez-vous eu  de ne pas continuer le combat, voyant l’état de dégréement ou j’étais et l’impossibilité physique où je me trouvais de manœuvrer et de suivre une autre route que celle du vent arrière, tandis que votre situation vous permit de profiter de l’avantage du vent pour vous éloigner, vous manquez donc , ou de vérité en n’accusant pas vraie la perte que vous avez accusée, ou d’énergie si n’ayant perdu peu de monde, vous n’avez pas continué le combat, avec les avantages que les hasards des coups vous avait donné sur moi, comme vous savez très bien qu’il n’existait pas de frégate américaine  à notre vue. Je vous pris de reprendre à ce dilemme, et vous me permettrez de suspendre mon jugement sur vos qualités jusqu’à ce que vous m’ayez satisfait ou qu’une circonstance de cette campagne me mette à portée encore une fois de tenter avec vous vous le son des armes, ce que je désire avec bien de l’ardeur, je vous le jure. Je suis en attendant cette réponse, avec le sentiment que votre conduite première m’a inspiré.

Votre très humble et très obéissant serviteur, Monsieur

Signé Latouche

 Source : Centre d'accueil et de recherche des Archives nationales, Paris.